Publié le 02 déc 2020Lecture 3 min
Ingrédients cosmétiques : naturel/BIO versus synthétique
C. FABER, Paris

Dans le climat actuel de « chimiophobie » et d’engouement des consommateurs pour les produits dit naturels ou BIO, il est important de faire un état des lieux des connaissances sur les ingrédients utilisés dans les cosmétiques.
Les ingrédients BIO sont issus de l’agriculture biologique. Les ingrédients naturels et les ingrédients d’origine naturelle peuvent être d’origine végétale, animale ou minérale. Ils se distinguent par l’absence de transformation (naturels) ou, pour les ingrédients transformés, par le procédé utilisé qui est fixé par les cahiers des charges reconnus. Pour qu’un produit soit qualifié de naturel, il doit contenir au moins 95 % de composants naturels. En dessous de ce seuil, seuls les composants peuvent être qualifiés de naturel. Un produit naturel ne doit pas résulter d’un traitement industriel. Ainsi, une orange traitée par des pesticides perd son côté naturel. Un produit naturel ne doit pas résulter d’un traitement industriel. Ainsi, une orange traitée par des pesticides perd son côté naturel. Il faut aussi savoir que les produits biologiques ne sont pas nécessairement BIO, mais que biologique signifie naturel. Pour qu’un produit soit qualifié de BIO, il doit être estampillé d’un des labels éponymes.
Il n’y a pas de définition réglementaire ni de label pour les ingrédients chimiques. Ceux-ci sont utilisés pour deux raisons. La première est de répondre à la demande des consommateurs en matière de textures, de parfums et de couleurs, et d’obtenir de la diversité également dans la détergence des produits. La seconde, essentielle, est la conservation des cosmétiques. Certes, un produit naturel peut être efficace — au sens du règlement cosmétique –, mais pendant une durée maximale de 1 à 2 mois pour les cosmétiques solides, moins pour les crèmes et les liquides. Si l’objectif est d’ordre économique et écologique, la synthèse peut faire mieux que le naturel. En effet, la culture des actifs naturels peut coûter cher et donner lieu à des gaspillages. Par exemple, la culture de champs entiers d’avocats est très consommatrice d’eau alors qu’un actif à base d’avocat sera moins énergivore et facilement reproductible. L’isolement de molécules assez pures garantissant un maximum d’efficacité peut aussi éviter l’impact écologique de cultures comme celle du Ginkgo biloba. Enfin, les composés de synthèse nécessaires à l’obtention d’une émulsification stable et le silicone, qui apporte un toucher n’existant pas au naturel, ne peuvent pas être remplacés par des composés naturels.
La polémique sur les sels d’aluminium des antiperspirants et sur les perturbateurs endocriniens (PE) illustrent bien le problème posé par certaines options présentées comme alternatives aux ingrédients chimiques. Pour éviter l’exposition à l’aluminium, certains recommandent d’utiliser la pierre d’Alun. Or, cette dernière est composée d’aluminium ! Elle existe en deux versions, naturelle (potassium alun) et de synthèse (ammonium alun). Les produits naturels ne sont pas non plus la solution pour éviter les PE. Certaines huiles essentielles ont en effet des pouvoirs PE comme l’huile de lavande dont l’application a été à l’origine de cas de gynécomastie chez de jeunes garçons et de croissance transitoire mammaire prépubère chez des filles.
Adapter les recommandations d’utilisation
Comme les substances naturelles, les substances synthétiques ou artificielles peuvent être bonnes ou toxiques. Leur impact sur la santé ne dépend pas de leur origine naturelle ou artificielle, mais de leur nature, de leur utilisation et souvent de la quantité consommée. La connaissance de la toxicité des ingrédients est l’un des éléments pris en compte dans l’évaluation de la sécurité du produit fini définie par la règlementation. Étant souvent soumis à moins d’analyses, les produits naturels sont potentiellement moins sûrs. Le caractère BIO des cosmétiques n’est pas non plus synonyme de plus grande sécurité.
Qu’ils soient conventionnels, naturels ou BIO, les produits cosmétiques répondent aux mêmes exigences réglementaires. Les recommandations d’utilisation de ces produits doivent être adaptées à l’âge de l’utilisation, à la quantité utilisée, à la surface cutanée exposée, à la zone cutanée concernée et selon que le produit est rincé ou non.
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